Guy Georges, le tueur de l'Est parisien

L'affaire Guy Georges, faite d'erreurs et de malchances, a traîné en longueur. Le temps pour le "tueur de l'Est parisien" de faire sept victimes, au moins.

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Une affaire ponctuée de ratages

Fausses pistes

En novembre 1994, les policiers découvrent une goutte de sang sur un tract près du corps d’Elsa Bénady. Le sang n’appartient pas à la victime. On ne saura jamais à qui il appartient, la police scientifique n’étant pas aussi performante qu’aujourd’hui.
Le 9 décembre 1994, lorsque Agnès Nijkamp est découverte violée et poignardée dans son appartement, une trace digitale est relevée sur le bord d'un évier. Les recherches permettent d'assurer qu'elle n'appartient ni à un proche de la victime ni à un enquêteur. C’est encore une fausse piste.
Trois semaines plus tard, on retrouvera, à côté de la dépouille d'Hélène Frinking, l'empreinte sanglante de la voûte plantaire, assez caractéristique, du tueur. Un autre indice qui restera inutilisable.

Erreurs

Portrait-robot de Guy Georges établi par la Préfecture de Police de Paris - AFP

Aucun lien évident n'est établi entre les meurtres dans les parkings, celui d’Elsa Bénady et ceux du tueur de l’Est parisien. Ces affaires sont traitées par des équipes différentes. Pendant que le groupe Sanderson de la brigade criminelle et le juge Thiel s’occupe de l’affaire Hélène Frinking, l’équipe du commandant Pellegrin de la brigade criminelle enquête sur deux meurtres dans les parkings. Pellegrin fait comparer l’ADN de Guy Georges emprisonné alors pour " vol " avec celui retrouvé sur un prospectus de théâtre : ce n’est pas le sien. Libéré en 1997, Guy Georges tuera deux autres femmes.

Témoignages imprécis

La déposition d’Élisabeth O., la rescapée du tueur, sert de base à un portait-robot diffusé un peu partout. Les policiers vont alors passer un temps fou à éplucher plus de 1800 témoignages. Tous recherchent un individu de type maghrébin d'1,90m. Le tueur, en fait, mesure vingt centimètres de moins et il est d'origine afro-américaine.

Malchances

Après son identification, Guy Georges se présente un jour à une adresse surveillée pour y percevoir une allocation, mais le guichetier, qui a été informé, alerte tardivement la police... après avoir prévenu le suspect qu'il était recherché.
Le nom de l'homme le plus recherché de France sera finalement lâché sur les ondes d'une radio. Il est tout de même interpellé deux heures plus tard. Il n’avait pas écouté la radio.

Polémique sur le fichier génétique

Guy Georges, 38 ans, surnommé le " tueur de l'est parisien " le 19 mars 2001 à son arrivée devant la Cour d'assises du palais de Justice
de Paris - AFP

L’empreinte génétique de Guy Georges a été retrouvée chez Elisabeth Ortega, Hélène Frinking, Magali Sirotti et Estelle Magd. La marge d’erreur est de 1 sur 700 000 milliards.
L’expert Olivier Pascal identifie un ADN identique sur le corps d’Agnès Nijkamp, sur celui d'Hélène Frinking et sur un mégot dans l’appartement d’Elisabeth O. Il le nomme SK pour serial killer. En 1997, il retrouvera l’ADN de SK sur le T-shirt ensanglanté d’Estelle Magd. Il compare alors tous les ADN stockés dans les 3500 dossiers de son laboratoire.
Le 24 mars 1998, SK est identifié comme étant Guy Georges.
Olivier Pascal a regretté lors du procès qu’il n’y ait pas eu de fichier génétique à l’époque, ce qui lui aurait épargné la vérification manuelle des 3500 dossiers.

Anne Guion